Depuis mars 2020, la pandémie du coronavirus et les mesures de confinement associées ont plongé le monde dans une crise économique sévère, aggravant l’insécurité alimentaire.
Au même moment, la situation a poussé les agriculteurs à jeter des quantités importantes de nourriture faute de marchés pour leurs produits. Car si les restaurants et les marchés ont fermé et si les exportations ont diminué, les légumes n’ont pas arrêté de pousser ou les vaches de produire du lait.
Que révèle la crise sur ces paradoxes de nos systèmes alimentaires ? Quelles leçons peut-on en tirer à l’heure d’établir des plans de relance économique ?
Cet article s’appuie sur des entretiens avec des experts et les discussions du groupe de travail sur les pertes et gaspillages alimentaires de la conférence internationale « The Climate Emergency and the Future of Food », qui s’est tenue en ligne en mai 2020, rassemblant plus de 300 représentants d’entreprises, associations et organismes publics.
Des chaînes d’alimentation trop concentrées
La crise actuelle a accentué des phénomènes préexistants et notamment les décalages fréquents entre l’offre alimentaire, soumise à des aléas économiques autant que climatiques, et la demande, également variable. La production, la distribution et la consommation alimentaires ont été particulièrement bouleversées par le manque de main-d’œuvre pour récolter et vendre les produits, ainsi que par la baisse des exportations et la fermeture des restaurants, marchés ou cantines. Les consommateurs ont quant à eux davantage acheté de produits secs et surgelés en supermarché, et moins de produits frais tels que la viande, le poisson, les fruits et les légumes, qu’ils consomment plus souvent au restaurant.
Ce qu’a révélé ce contexte de bouleversements, c’est le manque de résilience de longues chaînes d’approvisionnement où l’activité est concentrée entre les mains de peu d’entreprises aux larges parts de marché. Les fournisseurs aux infrastructures et aux partenaires commerciaux spécialisés ont du mal à se tourner vers d’autres acheteurs, par exemple lorsque cela requiert de reconditionner en plus petit format des meules de fromage de 30 kilos destiné à la restauration collective.
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