Au cœur des politiques de transition écologique du ministère de l’agriculture, le label français HVE avait été conçu comme une étape vers le bio. Mais des organisations dénoncent un cahier des charges pas assez exigeant.
Pour le ministère de l’agriculture, c’est un motif de satisfaction : le nombre d’exploitations agricoles certifiées « haute valeur environnementale » (HVE) a bondi de 52 % au premier semestre 2020. Elles sont désormais 8 218, soit 1,35 % des exploitations françaises, et bénéficieront, dès 2021, d’un crédit d’impôt de 76 millions d’euros. Créé lors du Grenelle de l’environnement de 2008 − et effectif depuis 2011 −, le label fait pourtant l’objet de nombreuses critiques. Il est notamment qualifié d’« illusion écologique » par le syndicat Confédération paysanne ainsi que plusieurs organisations de défense de l’environnement et de l’agriculture bio, qui dénoncent un « cheval de Troie du “greenwashing” ».
Dotée de règles plus souples en matière d’utilisation des intrants notamment, la certification HVE avait été conçue, à son lancement, comme une étape intermédiaire entre agriculture conventionnelle et biologique. « Son but était d’encourager les agriculteurs à faire une partie du chemin », précise Arnaud Schwartz, président de la fédération France Nature Environnement (FNE), à l’origine de la création de l’appellation. La filière viticole, en particulier, s’est saisie de ce dispositif et représente aujourd’hui les trois quarts des exploitations HVE, suivie par l’arboriculture, le maraîchage ou l’horticulture. L’objectif du plan « biodiversité », programme lancé en 2018 par Nicolas Hulot pour combattre l’artificialisation des sols et les méfaits de l’agriculture intensive, est d’atteindre 15 000 exploitations certifiées d’ici à 2022.
« Des incohérences en termes de biodiversité »
Mais pour ses détracteurs, le label est aujourd’hui détourné de son intention initiale, devenant une « fin en soi », une « certification des produits », alors qu’il avait été conçu comme une « marche vers le bio ». Pour la Confédération paysanne, « trop d’indicateurs montrent que le gouvernement veut faire du HVE l’outil majeur de la transition agricole, ce qu’il n’est absolument pas ».
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